Le dernier projet de Damien Chazelle (Whiplash, La La Land, First Man) est ultra ambitieux. Énorme budget, casting prestigieux et thème de niche : l’industrie du cinéma des années 20 et le passage du muet au parlant. Autant j’avais adoré Whiplash pour son côté minimaliste mais millimétré, autant La La Land et First Man j’avais trouvé cela plutôt pompeux et longuet. Mais du coup, c’est bien Babylon ?
« Los Angeles des années 1920. Récit d’une ambition démesurée et d’excès les plus fous, l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites. »
Soyons clairs d’entrée de jeu, la première moitié du film est incroyable, tout est prenant et intéressant tout en proposant un panel de personnages tous différents et bien développés. Ensuite c’est le gros ventre mou, pour un final sans aucune saveur. Je suis même persuadé que Damien Chazelle ne savait pas comment finir son film. J’espère qu’il finira par demander de l’aide pour ses prochains scénarios, puisque l’écriture était déjà le talon d’Achille de La La Land et First Man à mon sens. C’est d’autant plus problématique quand le film dure 3 heures.
Mais Babylon mérite-t-il le bide qu’il a subit aux États-Unis ? Clairement non, le public US est complètement lobotomisé par les super-productions Disney/Marvel. C’est évidemment inquiétant et heureusement les chiffres sont meilleurs chez nous, le film profitant du retour massif des spectateurs en salles de cinéma (ouf !). On applaudira la prise de risque de Chazelle, mais le ratage aux US était quasiment certain.
Esthétiquement Babylon est extrêmement propre (mise en scène, décors, costumes…), Chazelle continue sur sa lancée accompagné par son directeur photo favori Linus Sandgren (déjà à l’œuvre sur La La Land et First Man). La scène de la fête est incroyable visuellement et fourmille de détails. Idem pour le tournage en plein désert qui est d’une maitrise rare. La suite du film est bien plus classique malheureusement, mais en accord avec son scénario.
Le casting passe du très bon (Brad Pitt, Diego Calva, Jean Smart…) au complètement raté (Tobey Maguire). Le petit nouveau Diego Calva porte vraiment le film sur ses épaules et s’en sort bien, aidé par une Margot Robbie qui s’éclate et un Brad Pitt qui en fait des caisses pour notre plus grand plaisir. J’ai aussi particulièrement apprécié la prestation de Jovan Adepo en Sidney Palmer.
La bande originale est forcément très réussie, c’est une des grandes forces de Damien Chazelle de savoir ce qu’il veut, et d’avoir encore et toujours à ses côtés Justin Hurwitz. Le film mérite d’être soutenu et découvert en salles ne serait-ce que pour le format large 35mm et ses grandes qualités visuelles et sonores.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
Véritable monstre à deux faces, Babylon excelle en première partie avant de s’effondrer dans la seconde. Il reste cependant un film à voir cette année.
