En 1939, Billie Holiday (Andra Day) secoue les Etats Unis avec la chanson Strange Fruit, un réquisitoire contre le lynchage des noir-es. Dès lors, elle est perpétuellement dans le viseur de Harry Anslinger (Garrett Hedlund dans un rôle oubliable), qui veut faire tomber Holiday sous prétexte de sa consommation de drogue. Pour ce faire, il charge un agent fédéral noir, Jimmy Fletcher (Trevante Rhodes, qui fait de son mieux), de s’infiltrer parmi les proches de la chanteuse.
L’empreinte que Billie Holiday a laissé dans le monde de la musique et particulièrement du jazz a tendance à éclipser une autre facette de sa personnalité, beaucoup plus militante. Avec Billie Holiday, une affaire d’Etat (The United States v. Billie Holiday) le cinéaste Lee Daniels (Precious, Le Majordome) met en lumière cette partie de sa vie trop méconnue.
Si certains faits sont réels, le biopic se permet beaucoup d’écarts fictionnels, dans une accumulation qui donne l’impression que le film ne sait plus où donner de la tête, créant ainsi une histoire d’amour dont rien n’est moins sûr qu’elle ait réellement eu lieu, pour amener un surplus de pathos. La vie de Holiday, pourtant, semble assez remplie pour se suffire à elle-même.
Malgré de bonnes intentions, Lee Daniels embourbe son film dans une série de clichés et de personnages caricaturaux, sans profondeur réelle, et ne parvient jamais à rendre justice à la complexité de son personnage principal. La performance d’Andra Day est solide, mais ne suffit pas à elle seule à donner le relief qu’on aurait aimé voir chez Billie Holiday.
Le bras de fer entre le gouvernement et Holiday, supposé être le sujet central du film, tombe lui aussi à plat, encore une fois à cause d’une écriture pleine de raccourcis et trop caricaturale. Reste donc, au final, un film débordant de tout sauf d’émotions, tenu à bout de bras par une Andra Day impressionnante.
SophieM lui attribue la note de
En Bref
Alors qu’il aurait pu être un film solide qui rend honneur à la mémoire de la chanteuse, Billie Holiday, une affaire d’Etat se perd dans sa propre fiction et ne parvient qu’à nous offrir une pâle reconstitution de sa vie.