Cette nouvelle mouture de Cendrillon fait parti du grand plan, mis en marche par Disney, qui consiste à adapter ses grands classiques d’animation en films « live ». Le studio aux grandes oreilles à donc choisi Kenneth Branagh pour faire le boulot. Même si son nom ne vous dit rien, le monsieur est dans le business depuis un moment, en tant qu’acteur (Gilderoy Lockhart dans Harry Potter et la Chambre des Secrets par exemple) ou en tant que réalisateur avec du bon (Beaucoup de bruit pour rien, Henry V, Hamlet) et du moins bon (Frankenstein, Le Limier, Thor). Toujours est-il qu’il ne nous a pas habitué à de franches réussites ces dernières années.
Là ou le classique d’animation que tout le monde connait laissait une grande part à la magie par le biais de marraine la bonne fée et des animaux, le Cendrillon de 2015 a choisi de se focaliser sur l’aspect social du conte, les relations entre les personnages humains. Bien qu’Ella (Cinder-Ella, parce qu’elle se retrouve avec de la suie sur le visage) parle en effet à ses animaux, tout cet aspect magique est laissé au second plan. Marraine la bonne fée ne fait, elle, qu’une apparition rapide et peu marquante. Ce choix délibéré aurait pu être une bonne idée afin d’apporter un peu de changement, malheureusement les personnages humains sont plats, et n’arrivent que très difficilement à intéresser.
En 1h50, le film qui au début commence plutôt bien finit par lasser, la faute à l’absence de prise de risque (qui fait qu’on connait déjà tout avant de le voir), et comme je le disais au dessus à la mise en retrait de la magie. Étonnamment le film peine à trouver son public, jamais touchant, jamais drôle (comme pouvait l’être le classique) malgré la présence au final dérangeante d’une ou deux scènes comiques. Ce qui est dommage, c’est que même sur des scènes cultes comme la scène de bal, le film ne parvient pas à y insuffler de la grâce et de l’émotion. Pourtant les décors sont somptueux, les costumes réussis et la bande originale – bien que classique – bien ficelée.
Côté casting, on y trouve à boire et à manger. Si la marâtre Cate Blanchett s’en tire honorablement, les deux sœurs Javotte et Anastasia laissent de marbre. Stellan Skarsgård est méconnaissable en grand duc mais ne dispose pas d’un rôle suffisamment important pour se démarquer vraiment. Nonso Anozie en capitaine de la garde royale a sûrement vu ses vêtements rétrécir au lavage et subit le même sort que Skarsgård. Helena Bonham Carter qui retrouve ici Kenneth Branagh (ils avaient joué ensemble dans Envole-moi) cachetonne purement et simplement en marraine la bonne fée. Finalement, le film tourne autour de ses deux personnages principaux, les seuls véritablement mis en avant, Cendrillon et le Prince. Si Richard Madden (Game of Thrones, Klondike) est réellement un bon choix malgré ses lentilles bleu glacier, le principal problème de ce film est son actrice principale, Lily James (Downton Abbey). Elle n’est clairement pas une beauté fatale, et paraîtra souvent niaise.
Cendrillon est donc, malgré sa réussite visuelle et sonore, un film quelque peu décevant, manquant de profondeur et d’audace. Il souffre de son casting discutable et de sa sous-exploitation des personnages secondaires, qui pourtant auraient pu faire sa force. Disney aurait pu, quitte à ne pas prendre de risques, restituer toute la magie présente dans son classique d’animation afin de saupoudrer cette adaptation fade d’un soupçon d’émerveillement.
Cet article a été écrit après visionnage du film en VO.
CaptainSmoke lui attribue la note de
En bref
Un film qui se contente d’adapter bêtement le classique d’animation, sans grand apport, et qui se révèle au final assez plat.