A Boston, Edith (Mia Wasikowska) est une écrivaine aspirant à devenir la nouvelle Mary Shelley. Sa vie change pour toujours quand elle rencontre le baronnet Thomas Sharpe (Tom Hiddleston), dont elle tombe amoureuse, et sa soeur Lucille (Jessica Chastain). Après son mariage, elle déménage en Angleterre, dans le manoir des Sharpe, qui se révèle avoir une vie propre. Mais les fantômes rouges sang qui hantent le manoir sont bien différents de celui de sa mère qui, une décennie plus tôt, lui avait dit de prendre garde au « Crimson Peak » …
Quelques années après Le Labyrinthe de Pan et après un détour par le film de robot américain (Pacific Rim), Guillermo Del Toro sort l’oeuvre somme et la suite logique de ce qu’il a fait jusque là : un film qui revient à ses inspirations hispaniques, mais avec un casting anglophone, constitué en partie d’acteurs avec lesquels il a déjà travaillé (Burn Gorman et Charlie Hunnam, tous les deux dans Pacific Rim).
La première chose qui vient à l’esprit face à Crimson Peak, c’est que la bande annonce est, encore une fois, trompeuse : à l’instar du Labyrinthe de Pan, le film n’est en fait pas tellement effrayant. Il repose beaucoup sur la création d’une atmosphère et évite les coups de frayeur gratuits. En cela, le film est une totale réussite : on le sait, le réalisateur a utilisé au maximum des effets pratiques et non spéciaux, et le tout donne un rendu très travaillé. Crimson Peak est ainsi d’une richesse visuelle incroyable, qui est soutenue par un propos foisonnant de référence et de symbolique.
Crimson Peak, c’est un mélange de Jane Eyre et de films de maison hantée, saupoudrée de vieux films à l’ambiance gothique comme Drangonwyck de Mankiewicz. Ces références rendent le récit assez classique, mais permettent en même temps de le solidifier : si le film est peut-être prévisible, il se tient néanmoins de bout en bout. Ainsi, il tient de plusieurs genres, tout en gardant une cohérence qui lui permet d’emmener son spectateur jusqu’au bout, même si ce dernier peut se sentir désemparé face au nombre de symboles qu’il ne saisit pas au premier visionnage.
Le souci du détail et du symbole qui parsème le film, on le retrouve chez les acteurs : en effet, si Guillermo Del Toro les a apparemment inondés d’informations sur les personnages, il n’en reste pas moins que ceux-ci sont écrit à la mesure des acteurs – Del Toro a d’ailleurs expliqué avoir modifié Edith et Thomas quand les acteurs ont été recastés. Ainsi, il n’est pas anodin de voir Mia Wasikowska dans le rôle d’Edith : elle a joué dans une adaptation Jane Eyre il y a quelques années, et est coutumière de ce genre de rôle. Il en va de même pour Tom Hiddleston, auquel le rôle va comme un gant. Ce casting assez prévisible mais très bon permet d’introduire Jessica Chastain (géniale) en électron libre au milieu du duo.
C’est d’ailleurs aussi sur cela que se base le film de Del Toro : il prend un récit classique dans son fond et dans sa forme mais réussit tout de même à en faire autre chose, et plus précisément à en fait quelque chose qui tient tout à la fois du roman gothique anglais que du cinéma espagnol. Il y a une perte constante d’équilibre dans le film : sans qu’il y ait de grands plots twists, les choses ne sont cependant pas toujours ce qu’elles semblent être. Le plus bel exemple de cela est d’ailleurs le manoir, dont le spectateur a une vision en permanence changeante et qui semble avoir un nombre infini de pièces. Le manoir hanté et les fantômes sont centraux au film, et le spectateur, en arrivant à la fin du très beau film de Guillermo Del Toro, pourra se demander qui et quoi hante réellement qui.
SophieM lui attribue la note de :
En bref
D’une richesse visuelle époustouflante, Crimson Peak est un film qui tient ses promesses.