Véritable sortie singulière au planning de cette semaine de décembre, Despedida de Luciana Mazeto et Vinícius Lopes nous invite dans un voyage onirique qui mélange croyances locales Brésiliennes, carnaval et imaginaire de l’enfance.
« Pendant le carnaval, Ana 11 ans se rend dans le sud du Brésil pour les funérailles de sa grand-mère. La nuit, par la fenêtre de la maison familiale, elle voit le fantôme de sa grand-mère entrer dans la forêt. Quand Ana décide de la suivre, elle découvre un monde de fantaisie et de mystère. Elle voudrait résoudre une vieille querelle familiale, mais son chemin est semé d’embûches : des sorcières, des méchants, des créatures étranges et surtout, un chien sauvage qui garde le passage vers ce monde fantastique. »
Les films d’aventure qui se placent au niveau de l’imaginaire de l’enfance sont bien rares. On pourrait citer bien entendu Alice au Pays des Merveilles, Little Nemo in Slumberland (que ce soit la version animée de 1989 ou la version live de cette année par Netflix) ou encore une petite madeleine de Proust personnelle : Le Cerf Volant du Bout du Monde de 1958. Ces œuvres fonctionnent de la même manière, l’enfant (et le spectateur par extension) se demandant si ce que l’on voit est du domaine du rêve ou de la réalité.
Ici, le duo de réalisateurs/trices nous présente un voyage à travers les différentes étapes du deuil où chacune est bien marquée, bien différentes et dont le résultat sur notre petite héroïne Ana sera plus où moins important. Pourquoi pas après tout l’idée est bonne et pas mal de choses fonctionnent bien, mais on sent vite que ce qui aurait été un superbe court/moyen métrage peine à convaincre sur un format plus long. Le choix d’alterner live action, marionnettes et animation est assez mal dosé, d’autant que les segments du films sont vraiment différents ce qui n’aide pas à s’y retrouver aisément.
Ce qui frappe très rapidement dans Despedida, c’est l’esthétique très travaillée de l’ensemble. Des (beaux) décors à la lumière en passant par les costumes, séquences d’animation pures et autres marionnettes (dans un style assez Ghibli), tout respire le travail consciencieux malgré un budget que l’on devine pas énorme. J’aurais personnellement préféré davantage de parties 100% animées tellement c’était joli, mais il est évident que c’est également ce qui coûte le plus cher, en temps et en monnaie sonnante et trébuchante. La musique est également très chouette, parce qu’un film d’aventure réussi n’est rien sans une BO réussie. Côté casting c’est en revanche un peu moins frappant, la direction d’acteurs étant aux fraises trop souvent, surtout avec les enfants (pour leur défense le ton du film n’est pas évident à cerner).
Au final, Despedida a de belles qualités, et nous propose quelque chose de finalement rare au cinéma, mais il aurait mérité un montage différent à mon sens, ou de réécrire certains passages. Néanmoins je ne doute pas qu’il s’agira ici d’un film marquant pour la jeunesse qui s’en souviendra longtemps, ne sachant pas s’il existe vraiment ou s’ils auront tout inventé.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
Despedida est un conte destiné aux enfants, esthétiquement bien travaillé mais qui se perd parfois dans son atmosphère un peu trop brumeuse.