Sorti juste avant le reconfinement, Drunk est la nouvelle collaboration entre le cinéaste Thomas Vinterberg, et l’acteur Mads Mikkelsen, qui aiment tous les deux alterner entre productions danoises et plus internationales.
Après la Chasse, qui avait valu à Mads Mikkelsen le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, Vinterberg s’en était allé dans la campagne anglaise adapter Loin de la Foule Déchaînée, de Thomas Hardy, et y mettre sa touche bien à lui. Puis vint la Commune, qui a reçu un accueil beaucoup plus mitigé – même si l’autrice de cet article, elle, a beaucoup aimé. Et enfin, Kursk, dont on ne dira rien ici parce qu’on ne l’a pas vu.
Tout ça pour dire, donc, que ce qui définit Thomas Vinterberg, c’est son éclectisme, mais pas que : c’est aussi sa capacité à vivre avec son temps, à l’analyser, et à se saisir de sujets de société forts, que ce soit de manière frontale ou détournée. Avec Drunk, il analyse le rapport des danois à l’alcool. Un sujet complexe, vaste, et qui dépasse de beaucoup les frontières du Danemark.
Martin (Mads Mikkelsen, qui joue le quarantenaire en pleine crise de manière subtile et émouvante) manque de confiance à lui. Après une réunion de parents d’élève où on lui reproche de ne pas être au niveau, il entend parler d’une théorie selon laquelle le corps humain manquerait en permanence de 0.5 grammes d’alcool. Avec quatre collègues et amis, il décide de tenter l’expérience, et de passer la journée en état d’ébriété. Rapidement, les effets positifs se font voir. Puis viennent les négatifs …
Il ne serait pas exagéré de dire que Drunk est un des meilleurs films de Vinterberg comme de Mikkelsen. Le traitement seul du propos dénote d’une réflexion et d’une subtilité qu’on ne croise pas tous les jours dans le cinéma. Drunk ne parle pas que d’alcool et d’alcoolisme. Il parle aussi de la quarantaine, du changement, des opportunités manquées, de la nostalgie de la jeunesse, quand on osait, quand on avait des projets … Toutes ces choses qui pèsent et poussent à chercher une échappatoire dans une ivresse vue comme médicinale … jusque’à la chute.
La force de Drunk est justement là : arriver à montrer pourquoi le rapport de tant de gens à l’alcool est compliqué. Cette démonstration de force arrive à son paroxysme avec la scène finale du film, qui réussi l’exploit d’enivrer le spectateur aussi et de lui donner envie de replonger aussitôt dans un film pourtant assez difficile à voir. Arriver à faire une fin aussi pertinente, qui fait tant écho au sujet même du film, c’est une réussite comme on en voit peu. C’est intelligent dans le fond, et dans la forme … si vous avez vu, vous savez. Si vous n’avez pas vu, je m’en voudrais fort de vous gâcher la surprise.
SophieM lui attribue la note de :
En bref
Ananlyse sociale pertinente, Drunk est un des meilleurs films de Vinterberg comme de Mikkelsen.