Après quasiment une année entière de report, le blockbuster SF ambitieux Dune de Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners, Premier Contact, Enemy et Blade Runner 2049) est finalement sorti en salles. Le film est un projet qui traîne dans les tiroirs de différents studios et réalisateurs depuis des années mais n’arrivait jamais à voir le jour (voir le documentaire Jodorowsky’s Dune), mis à part la version de David Lynch de 1984 ou les séries de 2000 et 2003. Je tiens à préciser que je n’ai vu que le film de Lynch et pas lu le roman du même nom de Frank Herbert dont tout ceci est l’adaptation. La presse et les spectateurs ayant fait d’excellents retours sur cette mouture 2021 (un peu trop pour que tous soient honnêtes si vous voulez mon avis), il fallait que je vous en parle.
« L’histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s’il veut préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre… »
Soyons clairs d’entrée de jeu : le film est divisé en deux parties, même si ce n’est pas particulièrement indiqué au spectateur sur l’affiche ou dans le synopsis. Vous le saurez rapidement au début du film car il sera sous titré « première partie ». Ok, donc 2h40 plus tard on aura toujours pas l’histoire complète. Il est vrai qu’il était difficile de réduire l’histoire de Dune en un seul long métrage, David Lynch avait essayé et cela n’avait pas vraiment fonctionné (ok il n’avait pas eu le dernier mot sur le cut, mais quand même).
Cette première partie servira donc à poser les fondations de l’univers, nous présenter les enjeux et les forces en présence sans trop se presser. Et sur ce point c’est vraiment bien foutu, tout le monde parviendra à comprendre ce que l’on nous raconte ici. Mais, bien qu’il y ait un véritable travail sur le rythme, je ne vous cache pas qu’il y a quelques longueurs, surtout des scènes que l’on aurait pu aisément raccourcir (20 bonnes minutes facile) sans rien perdre de la compréhension ou de la mise en scène.
C’est aussi ce découpage en deux parties qui viendra nuire à mon ressenti sur le film. On pose principalement les bases (il n’y a que très peu d’action ici) , mais au moment où tout va enfin pouvoir démarrer le film s’arrête. 2h40 de mise en place pour que tout se déroule dans la 2ème partie. C’est moche. Peut-être que le coup aurait fait moins mal si on avait eu un film de 2h-2h15. Ou pas, on ne le saura jamais.
Dune est avant tout une fresque fantastique énorme pensée pour le grand écran. Toute la mise en scène de Denis Villeneuve repose sur le gigantisme (l’architecture est énorme et très épurée), replacer l’homme comme un simple occupant de la Nature avec un grand N. Le réalisateur a d’ailleurs choisi d’utiliser des décors réels/naturels (la majeure partie du temps), ne supportant pas les fonds verts. On lui dit un grand merci, tout ici respire le réel, les personnages sont habités par ce qui les entoure et cela fait vraiment plaisir à voir. En revanche on pourra lui reprocher un défaut qui est de plus en plus présent chez lui : l’inutile longueur de certains plans sur les personnages. Il faisait déjà cela sur Premier Contact et surtout Blade Runner 2049, ce qui avait déjà pour résultat de m’agacer au bout du 50ème plan au ralenti sur le visage des acteurs pour rien.
Que dire du casting très impressionnant (Timothée Chalamet, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Stellan Skarsgard, Josh Brolin, Javier Bardem, Jason Momoa, Zendaya, Dave Bautista ou encore Charlotte Rampling). Ici chacun est parfaitement à sa place, même Timothée Chalamet ou Zendaya que je ne trouve pas mauvais mais sans plus en règle générale, j’ai été particulièrement ravi de retrouver Stellan Skarsgard en Baron Harkonnen, Charlotte Rampling en Révérende Mère Mohiam, Oscar Isaac en excellent Léto Atréides ou encore Jason Momoa ultra attachant en Duncan Idaho.
Enfin, il me fallait aborder la bande originale d’Hans Zimmer (qui avait délaissé Tenet de Christopher Nolan pour ce film). Le compositeur n’est pas connu pour fournir un travail au rendu discret, du coup on te balancera 2h40 de musique ultra présente non stop, ce qui fatiguera vers la fin même le plus sourd d’entre nous. Le travail fourni est tout de même impressionnant (surtout certains thèmes) nous permettant de voyager et de découvrir l’univers tout en oubliant pas de souligner des moments précis (batailles ou drames). D’ailleurs, la musique dans cette version de Dune est tout aussi importante que l’image, on est là sur un personnage à part entière qui nous transporte dans le récit.
Dune est un incontournable de cette année, c’est certain. Mais restera-t-il dans les mémoires à la manière d’un Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux ? L’avenir nous le dira.
CaptainSmoke lui attribue la note de
En bref
Dune est un bon film dont j’ai envie de voir la suite. Visuellement léché et soutenu par une musique omniprésente et réussie, il est tout même assez long et s’arrête une fois que l’intrigue démarre réellement.