Après le bleu de Blue Ruin, c’est au tour de la couleur verte d’être la star du nouveau film de Jeremy Saulnier : Green Room. Sélectionné lors de la quinzaine des réalisateurs à Cannes l’an dernier, ce nouveau projet nous transporte dans un petit bar miteux fréquenté par des skinheads, dans lequel un jeune groupe de punk en manque d’argent nommé les Ain’t Right va faire un dernier concert pour achever une tournée plutôt désastreuse. Comme on dit, porter du vert sur scène porte malheur. Le groupe mené par Tiger, un chanteur à la couleur de cheveux qui rendrait jaloux Géant Vert, va alors être témoin du meurtre d’une jeune skin par le leader d’un groupe néo-nazis. C’est donc là le point de départ du survival que va nous proposé Saulnier.
La première chose qui saute aux yeux dans Green Room, c’est à quel point le réalisateur a soigné l’ambiance de son film. Le cadre principal est un bar perdu au milieu d’une forêt de conifères, rempli de personnage peu recommandables et à l’atmosphère très pesante, où le moindre écart suffira pour déclencher la tempête ; comme par exemple commencer son set par le morceau Nazi Punks Fuck Off des Dead Kennedys dans un bar rempli de néo-nazis. Cette tension permanente est clairement une réussite, Saulnier parvenant très bien à jongler entre le calme et la tempête pour faire monter la pression du spectateur.
Ce côté oppressant fonctionne parfaitement lorsque le groupe se retrouve replié dans une seule pièce, cherchant des solutions au pétrin dans lequel il s’est plongé. C’est la partie la plus intéressante de Green Room, où Saulnier laisse ses personnages chercher par tout les moyens à trouver une issue, entre examen minutieux de l’environnement dans lequel ils sont piégés, temporisation des événements ou encore discussions avec le leader des skinheads pour empêcher les événements de dégénérer encore plus. Les 4 acteurs jouant les membres du groupe où on retrouve notamment Anton Yelchin (Like Crazy, Star Trek) ou Alia Shawkat (Maybe d’Arrested Development) sont particulièrement crédibles dans ces moments. Ils sont en plus accompagné d’une skinhead, campée par Imogen Poots, qui a un rôle particulier, vu qu’elle est la seule à connaître les ennemis du groupe et qu’elle ne parvient pas à avoir prise sur la situation – et Poots le joue très bien.
Le morceau War Ensemble de Slayer raisonne un moment dans les couloirs étroits du bar. Funeste présage car c’est en effet une véritable guerre qui va s’enclencher entre les 4 témoins gênants et les néo-nazis. C’est d’ailleurs à ce moment que Green Room perd un peu de sa superbe : si la première partie était particulièrement bien gérée et rythmée, la suite devient plus foutraque et certains moments (et morts) vraiment trop expédiés. Il manque un peu plus de folie, et même si le rouge vient remplacer à plusieurs moments le vert et que le larsen et les os qui se cassent vont submerger la musique punk, la tension est moins bien présente paradoxalement. Reste toujours Patrick Stewart, à contre-emploi dans son rôle de leader néo-nazi calculateur et prêt à tout pour éliminer le moindre élément gênant, une grande performance du capitaine Picard (comme d’habitude).
Green Room laisse donc un petit goût amer en bouche. L’ambiance et la contre-culture qu’il embrasse en font un film apportant une bouffée d’air frais dans le cinéma de genre, mais le film aurait gagné à être plus percutant, à aller plus loin dans la folie et non dans une violence certes graphique, mais peu stimulante. Néanmoins, ce nouveau Saulnier reste dans l’ensemble maîtrisé, en plus des très bonnes performances des acteurs.
Bondmax attribue la note de
En bref
Green Room offre une bonne bouffée d’air frais au film de genre de ces dernières années mais manque de punch dans sa dernière partie pour en faire une expérience pleinement jouissive.