Le dernier film de Paul Thomas Anderson, The Master (avec là aussi Joaquin Phoenix en rôle principal) n’avait pas comblé les fans du réalisateur, ou de cinéma en général. Bien que parfaitement mis en scène, bien dirigé, et bénéficiant d’une superbe photographie il souffrait d’un mal étrange, de grandes longueurs entraînant dans le même temps l’étirement d’un scénario déjà trop faible.
Malheureusement, Inherent Vice souffre lui aussi des mêmes maux que son ancêtre, au grand dam des fans souhaitant retrouver le réalisateur à son meilleur niveau (Boogie Nights, Magnolia ou There Will Be Blood).
Inherent Vice est avant tout un film d’ambiance. Les années 70 et ses volutes de fumée sont ici parfaitement retranscrites, et les influences du mouvement hippie se retrouvent un peu partout. Cette force vient non seulement des décors et des costumes, mais également de PTA qui est passé maître dans les plans larges et les longues séquences qui se révèlent être de vraies perles. On aurait pu s’attendre (à la vue des affiches ou de l’époque abordée) à une avalanche de couleurs flashy, mais le réalisateur a su trouver une lumière naturelle vraiment magnifique pour souligner des couleurs pastels. Cette ambiance est aussi marquée par une bande originale efficace mais un peu trop discrète, comme ce fut le cas pour The Master.
Tout l’environnement visuel du film est une réussite. De la campagne marketing (bande annonce, posters magnifiques) à la réalisation en elle-même. Non seulement ça mais tous les acteurs sont bons, des rôles principaux aux simples figurants, tout le casting est extrêmement juste, comme souvent chez Anderson. D’ailleurs, ce casting est plutôt impressionnant (une douzaine de grands noms). Joaquin Phoenix est comme à son habitude excellent, et vu son omniprésence à l’écran il fallait bien cela.
Seulement voilà, Inherent Vice est le parfait exemple d’un potentiel loupé, à cause d’un scénario trop vague et surtout d’un film trop long. Paul Thomas Anderson nous propose ici une enquête de 2h30 menée par le détective privé Doc Sportello, grand amateur de drogues en tout genre. Pas vraiment de scènes de trip ou de délires à la Las Vegas Parano, mais un personnage dans le gaz la plupart du temps, ayant beaucoup de mal à suivre les conversations. D’ailleurs, le film tourne autour de ces dialogues entre les nombreux protagonistes, et pas vraiment autour de scènes d’action (ce qui n’arrange pas le rythme lancinant, qui rappelle là encore The Master).
Le film nécessite très certainement plusieurs visionnages pour en saisir toutes les subtilités, mais il est loin d’accrocher le spectateur qui en viendra vite à s’ennuyer. L’enquête piétine et n’avance que grâce aux rencontres souvent imprévues de Sportello avec le petit monde de L.A où tout le monde connait tout le monde.
Inherent Vice ne plaira certainement pas à tout le monde, et bien que je l’ai noté durement il ne vaut à mon sens guère plus, tant le film peine à nous intéresser à son intrigue.
Cet article a été écrit après visionnage du film en VO.
CaptainSmoke lui attribue la note de
En bref
Dommage que le scénario soit aussi flou, autant pour le spectateur que pour le Doc, et que le film soit bien trop long.