Un homme cuisine et vend des dorayaki. Il finit par embaucher une vieille dame qui sait faire la pâte an comme personne.
Il y a quelque chose de réconfortant dans les films sur la cuisine. Ils sont souvent lumineux, apaisés, comme si la répétition des gestes dans le but de fabriquer quelque chose de bon amenait une certaine paix.
Trouver la paix dans le bruissement des arbres, dans les choses simples de la vie, c’est une quête que Naomi Kawase poursuit de film en film. Elle cherche une connexion à la nature, loin de considérations matérielles. Qu’importe le succès, ce qui compte, ce sont les choix que nous faisons. C’est d’ailleurs tout le propos des Délices de Tokyo.
La recette de la pâte an demande beaucoup de patience et de temps. Si Tokue (Kirin Kiki, parfaite comme à son habitude) la réussit si bien, c’est parce qu’elle a trouvé sa paix intérieure. Elle a appris à se contenter de ce qu’elle avait. Elle ne rentre d’ailleurs pas dans cette petite boutique par hasard : elle a ses raisons pour vouloir travailler là plutôt qu’ailleurs. Par cette décision, elle va chambouler la vie de deux personnes, qui sont seules, ou mal entourées et créer une famille, une petite famille choisie. En apprenant à son patron la recette de la pâte an, elle ne lui donne pas les clés du succès, mais une aide pour trouver son propre chemin. Ainsi, le but n’est jamais de reproduire à la perfection la recette de Tokue, mais de se la réapproprier.
Même si l’idée peut sembler naïve, n’en a-t-on pas besoin ? Les personnages principaux ont en commun d’être stigmatisés par la société. Se dire qu’on peut, malgré cela, se faire une petite place, quelque part, et trouver le moyen d’être heureux-se avec des gens qui nous aiment, a quelque chose de très rassurant.
Il y a quelque chose de réconfortant dans les films sur la cuisine, comme si la répétition des gestes, aussi immuable que la floraison des cerisiers, permettait un ancrage dans une vie qui parfois nous dépasse. Il y a tout, en fin de compte, dans la cuisine. Il faut regarder, sentir, goûter, écouter, toucher. Il faut attendre, aussi, parce que certains plaisirs ne se brusquent pas.
Il y a quelque chose de réconfortant, aussi, dans le visage rond et les yeux souriants de Kirin Kiki, entourées des fleurs de cerisier filmés de si belle manière par Naomi Kawase. Il y a quelque chose chez Kirin Kiki, dans ce film comme dans bien d’autres, une sagesse tranquille qui touche au cœur. Alors autant l’écouter quand elle nous dit que « nous sommes nés pour regarder et écouter le monde ». Et pour manger des dorayaki.
SophieM lui attribue la note de
En Bref
Film lumineux et apaisant, Les Délices de Tokyo est un bonheur à regarder.