Pour son premier long métrage, la Canadienne Geneviève Albert s’attaque à un sujet de société assez lourd. L’adolescence, mais plus particulièrement les jeunes filles élevées en milieu difficile et les dérives des milieux où elles atterrissent plus ou moins par choix. Notons que Noémie Dit Oui a remporté deux prix aux dernier Festival d’Angoulême dont un pour son actrice principale Kelly Depeault.
« Noémie (15 ans) vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue en quête de sens et de liberté. Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle y rencontre Zach qui lui propose rapidement d’être escorte le temps d’un week-end. »
Ici pas de clichés, Noémie Dit Oui n’enjolive rien et montre avec une froideur réaliste les aléas de la vie tumultueuse de la jeune Noémie et ses problèmes familiaux avec sa mère qui lui valent d’être placée en foyer pour adolescents dans la banlieue de Montréal. La descente aux enfers de la jeune femme insouciante se fait graduellement, petit à petit sans qu’elle s’en rende vraiment compte, la faute à son envie de liberté, ce que qu’elle imagine être « normal » et du sain graal à obtenir : la majorité.
On ne peut s’empêcher d’éprouver de la tristesse pour la jeune Noémie dont la vie semble fort mal débuter et où finalement elle n’a que peu de soutien. La prostitution à Montréal, c’est ce qu’a choisi de montrer la réalisatrice à travers son intrigue aux personnages plus complexes qu’il n’y parait. La phrase d’ouverture est d’ailleurs on ne peut plus vraie : « Il ne suffit pas d’ignorer l’horreur pour s’en protéger ». Nelly Arcand, Putain (2001). Intéressant également, le film ne montre pas que la partie du travail des filles (même si on est en caméra serrée sur Noémie) mais également la diversité des clients qui s’adonnent à ce penchant sombre de la société.
Profitant d’une belle photographie et d’une mise en scène efficace, Geneviève Albert nous livre ici un film puissant, viscéral même. Aidée d’un très bon casting qui m’étais alors inconnu (Kelly Depeault, James-Edward Métayer ou encore Myriam Debonville), le film apporte la fraicheur d’un jeu d’acteur authentique et bien mené. Kelly Depeault impressionne même par la qualité de son jeu à multiples facettes pour son jeune âge. La bande originale bien que discrète souligne les humeurs de la jeune Noémie que ce soit dans ses moments d’euphorie et de fêtes, ou dans ses profonds moments de désespoir.
Au final, Noémie Dit Oui est un film important pour au moins deux raisons. Premièrement parce qu’il ne prend pas de pincettes et qu’il n’hésitera à bousculer le spectateur, deuxièmement parce qu’il montre bien que le cinéma indépendant Canadien propose chaque année des créations toujours plus intéressantes, et enfin car Geneviève Albert et Kelly Depeault sont deux artistes que je suivrai désormais avec plaisir.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
Noémie Dit Oui est un excellent premier film porté par une jeune actrice talentueuse. Le genre de film qui reste longtemps en mémoire.