Récompensé du prestigieux « Léopard d’Or » (le grand prix) lors du Festival de Locarno de l’an passé, Règle 34 de Júlia Murat est un film volontairement provocant dans son thème abordé.
« La légendaire règle 34 d’internet stipule que si quelque chose existe, alors il y en a une version porno. Simone est étudiante en droit le jour, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, et camgirl la nuit, explorant ses fantasmes masochistes. »
Le monde nébuleux des camgirls (et plus généralement des TDS) a toujours fasciné le grand public. Rumeurs, fantasmes ou simplement méconnaissance du milieu nourrissent l’imagine de bon nombre de gens, plus ou moins ouverts d’esprit. Dans Règle 34 nous suivons le parcours d’une étudiante, Simone, qui est littéralement tiraillée entre deux mondes : le droit pénal et notamment la défense des droits des femmes, et son expérience de camgirl la nuit qui consiste à réaliser des actions sexuelles (et parfois BDSM) contre de l’argent mis majoritairement par des hommes.
C’est d’ailleurs le principal reproche que je fais à ce film. On en vient à se demander ce qu’est le message que souhaite nous transmettre Júlia Murat. Banaliser le travail du sexe et le normaliser au sein de notre société ? Ou montrer les dérives du sexe en ligne ? Je n’ai pas vraiment eu la réponse et c’est ce qui m’a clairement laissé sur ma faim. J’aurais préféré (mais c’est tout à fait personnel) une véritable prise de décision ou des conséquences sur le personnage principal, qu’elles soient favorables ou non, plutôt qu’une histoire « fleuve » sans début ni fin.
Côté réalisation, Júlia Murat (qui en est à son 3ème long métrage) propose une mise en scène efficace, une belle direction d’acteurs (de nombreuses scènes sont difficiles à tourner) et une belle photographie par instants.
Le casting est constitué majoritairement d’inconnus (ou presque), ce qui renforce le réalisme du récit qu’on nous propose, d’ailleurs Sol Miranda vole littéralement l’écran en une Simone criante de vérité.
Le cinéma Brésilien nous prouve encore qu’il est partie prenante du cinéma de société, tout à fait dans l’ère du temps et qui propose de véritables visions artistiques de notre monde. Júlia Murat est une réalisatrice à suivre tant chacun de ses films est différent du précédent.
CaptainSmoke lui attribue la note de
5.5/10
En bref
Règle 34 est un film sulfureux et bien réalisé, mais qui manque d’un message clair ce qui laissera les spectateurs dubitatifs.