[Critique Film] – Tinnitus

Le réalisateur Brésilien Gregório Graziosi propose avec Tinnitus un film qu’on pourrait à tort catégoriser comme un film sur le sport. Pourtant, au visionnage le long métrage s’avère plus profond, plus large, abordant plusieurs thèmes dont le handicap.

« Marina, 30 ans, est une ancienne plongeuse professionnelle qui souffre de bourdonnements dans les oreilles affectant son équilibre physique et mental. Éloignée des bassins depuis un terrible accident, elle décide de reprendre la compétition dans l’espoir de remporter une médaille olympique. »

Certes, le film aborde le monde du sport de haut niveau, mais ce n’est pas là le cœur du sujet. Gregório Graziosi utilise cet enrobage sportif pour aborder évidemment le côté reconquête du sportif après un long passage à vide, mais il ajoute à cela le drame humain avec le handicap de Marina, les acouphènes. Rarement évoqué au cinéma car finalement peu impressionnant, les acouphènes sont ici le véritable ciment du film. Le réalisateur s’en sert comme fil rouge pour son personnage principal et tout ce qu’elle subit (ses relations personnelles et sa carrière de sportive). En tentant de reprendre sa vie en main (et retrouver le calme caractéristique de l’environnement sous marin), Marina va embarquer tout son entourage dans un abysse proche de la folie dont personne ne ressortira vraiment indemne.

Si la multiplicité des thèmes est intéressante de prime abord (sans parler de la qualité d’écriture des personnages), on ne peut s’empêcher de se questionner sur la finalité du film. Que voulait-on nous dire exactement ? Où va-t-on ? C’est là le principal défaut du film.

La force de Tinnitus c’est la qualité de sa mise en scène, véritable proposition de cinéma de Gregório Graziosi. Mais plus fort que l’image, le son est travaillé à l’extrême, prévu pour les salles de cinéma et proposant un univers sonore aussi vaste que désagréable (sifflements pour simuler les acouphènes). C’est quelque chose que l’on ne vit pas tous les jours. la dernière fois que j’ai vu un film « similaire » c’était avec Sound of Metal (2019).

Gregório Graziosi nous livre un film particulier, une expérience. Imparfaite certes, mais qui vaut le coup d’être découverte, dans un premier temps car les films ayant pour cadre le milieu aquatique ça ne court pas les rues, mais encore plus en ajoutant la dimension du trouble auditif.