Selma (Golshifteh Farahani, comme à son habitude très bien) s’installe à Tunis pour y ouvrir son cabinet de psychanalyse. Entre les absurdités administratives, la désapprobation familiale et la curiosité des habitants, la démarche est moins facile qu’on pourrait le croire.
Tunisie et clichés
Qu’est devenue la Tunisie après le Printemps Arabe ? Comment les moeurs ont-elles évolué ? Quid de l’administration ? Des tunisien-nes ? Autant de questions que Manele Labidi se pose dans un premier film correct, avec la volonté claire de dresser un portrait le plus exhaustif possible de la Tunisie actuelle.
A travers l’histoire de cette psy, c’est le cliché autour du rapport que les arabes auraient contre la psychanalyse qui est montré : sur sa route, Selma ne fait que croiser des sceptiques qui ont pourtant besoin d’elle. C’est sur ce modèle que le film entier est construit : Selma, « l’immigrée », ne connaît plus la Tunisie, ni ses moeurs, et tout un chacun le lui rappelle à envie, dans une posture défensive face au mépris supposé qu’elle pourrait avoir pour eux.
Manele Labidi peint de la Tunisie un portrait coloré, mais très peu flatteur : les infrastructures sont en ruines, il n’y a plus de budget nulle part, tout le monde veut partir, et semble franchement intolérant. La nuance est empêchée par le côté caricatural d’un divan à Tunis. Manele Labidi brasse large dans ses thématiques, mais elle le fait sans apporter la finesse nécessaire à certains sujets. Pourtant, dans les dialogues, on sent bien le vécu. Ça ne sonne pas faux, ça semble simplement un peu grossier.
Du coeur à l’ouvrage
Malgré tout, le film a du coeur : il est honnête, quand il parle de ce sentiment de n’être considérée ni complètement française, ni complètement tunisienne. Et en filigrane, il aborde un autre sujet : le choix d’une femme de refuser de se mettre en couple avec un homme. On sent chez la réalisatrice l’envie forte de parler de sujets personnels. Sous cette comédie qui semble sans prétention, l’idée que la manière dont nous nous sommes construits, et la manière dont nous nous définissons influencent nos choix pointe le bout de son nez. Mais, en une heure et demie, difficile de parler de tout ça. C’est ce qu’on pourra reprocher à Un Divan à Tunis, un film de facture correcte, un peu bancal dans son scénario, mais qui fait aussi découvrir une réalisatrice à suivre.
SophieM lui attribue la note de :
En Bref
Comédie un peu simpliste, Un Divan à Tunis nous présente une réalisatrice qui a du potentiel.