L’année passée, une petite chaîne du câble basique se retrouvait brusquement sur le devant de la scène grâce à une série mettant en scène pêle-mêle du hacking, des types bizarres et psychopathes pour la plupart, une société maléfique et une révolution en préparation. Acclamée de toutes parts, Mr. Robot se devait de confirmer cette année, le tout avec un Emmy flambant neuf dans la poche du sweat à capuche de son acteur principal Rami Malek.
Quoi que l’on pense de la première saison de Mr. Robot, elle avait su se faire une place dans l’univers impitoyable des séries par son propos assez mature et son univers paranoïaque où le spectateur était projeté dans la tête d’Elliot, devant composer avec ses névroses, ses peurs et ses fantasmes. Le tout sans savoir si ce que l’on voyait était la vérité, un délire, ou un mensonge pur et simple… Une grande majorité de spectateurs avaient apprécié cet essai, certains avaient crié au plagiat de Fight Club et à l’arnaque, d’autres – dont votre serviteur – attendaient de voir si la série pouvait proposer autre chose que des twists réussis mais conventionnels pour maintenir l’attention.
Et globalement c’est le cas. Si Mr. Robot continue de proposer des twists – dont celui de l’épisode 7 qui est très réussi – la série se développe dans d’autres directions, en commençant par ses personnages. La première saison était, et c’était un de mes griefs à son encontre, légère au niveau de l’écriture de certains personnages, notamment secondaires ; ici, on sent une volonté évidente de la part des scénaristes de donner à la série un ton plus dramatique, notamment lors des cinq/six premiers épisodes de cette saison. Le rythme s’en ressent forcément et parfois le temps passe lentement, mais les personnages gagnent en chair et on s’attache mieux à eux, notamment en ce qui concerne Darlene et Angela (même si cette dernière doit attendre quelques épisodes avant de prendre de l’importance). La série introduit aussi un nouveau personnage, Dominique DiPierro (très bien jouée par Grace Gummer), une flic pugnace qui s’intègre bien à l’ensemble. Un gros travail sur Elliot a aussi été mené, notamment sur ses interactions avec Mr Robot (au passage Christian Slater est toujours aussi drôle et flippant) qui deviennent de plus en plus complexe avec le temps. Et autant lors de la première saison on peinait à se dire que les deux étaient vraiment une seule et même personne, autant ici le concept fonctionne vraiment bien et paraît crédible, ce qui fait douter le spectateur de façon permanente sur ce qu’on lui montre.
Cela a forcément un impact sur le fond de la série – à savoir la sécurité informatique, l’accès aux données, la lutte contre le système – qui est toujours présent mais qui n’est plus autant mis en avant. Tout le monde n’aimera pas cette évolution, mais la première saison ayant déjà posé la plupart des bases technologiques de Mr. Robot, Esmail a fait le (bon) choix en mettant l’accent sur ses personnages. Comme dit plus haut, cela donne plus de profondeur dramatique à la série, augmente l’empathie envers les protagonistes et, par conséquent, donne plus de forces aux événements qu’ils vivent. Et au final, cela renforce vraiment l’aspect thriller de la série et pose des bases très solides pour la prochaine saison.
Côté mise en scène, on ne change pas une formule qui a fait ses preuves. On ressent toujours cette patte « fincherienne », avec ces cadres très froids et travaillés, cette ambiance sourde et pesante qui explose par moment – les séquences de fusillade sont particulièrement bien faites mais trop courtes malheureusement – et ce côté thriller paranoïaque à la Fight Club qui fonctionne toujours bien. On retrouve aussi le soin apporté au son et aux couleurs, et la série s’offre aussi des petits plaisirs vraiment très sympathiques, comme cet épisode de sitcom halluciné lors du 2×06. Mais si cet aspect esthétique fonctionne objectivement, on peut aussi se lasser de retrouver toujours les mêmes cadres sur les champs/contrechamps (avec un personnage à gauche et l’autre à droite quand on les superpose) et cette tendance à faire traîner certaines situations, comme l’arc qui concerne Joanna et son mari. Chacun réagira différemment à cela, personnellement je trouve la mise en scène parfois redondante, notamment dans ses champs/contrechamps qui lassent rapidement, mais elle arrive à être efficace quand il le faut, et c’est ce qu’on lui demande. Quant aux acteurs, il n’y pas grand-chose à dire de plus que lors de la première saison, chacun jouant parfaitement sa composition, Rami Malek en tête.
Finalement, cette deuxième saison ressemble à une transition entre la fin de la première saison et les événements qui vont survenir lors de la suivante. En prenant le risque de se centrer sur ses personnages et sur les troubles d’Elliot, Sam Esmail réussit son pari de faire de Mr. Robot une série dense et complète, qui ne se repose pas entièrement sur ses twists ou son personnage principal. Reste maintenant plus qu’à attejdre la troisième saison qui s’annonce dantesque.
PFloyd lui attribue la note de :
En bref
Il n’est jamais aisé de confirmer. En se focalisant sur ses personnages et les rapports entre Elliot et son double, Sam Esmail a réussit son pari sans dénaturer Mr. Robot, malgré quelques longueurs et chutes de rythme. Du tout bon avant une saison 3 qui, on l’espère, sera encore meilleure.