Après un passage remarqué lors de la Mostra de Venise 2022 (4 fois nominé), le nouveau long métrage de Romain Gavras a débarqué sur Netflix. Athena est-il un des meilleurs films de l’année ou est-ce là encore un soufflet qui va retomber rapidement ? Prenons le temps d’analyser tout cela ensemble.
« Rappelé du front à la suite de la mort de son plus jeune frère, décédé des suites d’une prétendue intervention de police, Abdel retrouve sa famille déchirée. Entre le désir de vengeance de son petit frère Karim et le business en péril de son grand frère dealer Moktar, il essaye de calmer les tensions. Minute après minute, la cité Athena se transforme en château fort, théâtre d’une tragédie familiale et collective à venir. Au moment où chacun pense avoir trouvé la vérité, la cité est sur le point de basculer dans le chaos… »
Si le scénario de Romain Gavras, Ladj Ly (Les Misérables) et Elias Belkeddar n’est pas ce qui retiendra particulièrement votre attention, c’est davantage dans son ambition de dépeindre une tragédie moderne, le siège d’une cité qui pourrait, comme son nom Athena l’indique, être antique. Ici nous suivons différents jeunes hommes tous dépassés par ce qui les entourent, qui symbolisent autant de généraux dans une guerre civile aux idéaux bien éloignés de ce qui cause ici le trouble. La mère des frères est la seule soupape de sécurité dans cet enfer, mais est-ce suffisant pour sauver les princes de la ville ?
Ici tout démarre d’une « bavure policière » entrainant le décès d’Idir, benjamin d’une fratrie composée de Karim, Abdel et le plus grand, Mokhtar. Ce drame intime embrase immédiatement la cité et tous ces jeunes en mal d’avenir. Organisée comme une ville fortifiée et farouchement défendue, Athena va sombrer dans le chaos et les habitants paisibles sont contraints de fuir tandis que ne resteront que les plus convaincu de l’utilité du conflit qui inévitablement va dégénérer.
S’il fallait parler d’un point faible au film, c’est son traitement des personnages. En effet aucun n’est réellement développé, et c’est dommage quelques minutes pour chacun et cela aurait donné plus de corps à l’ensemble. On pourra aussi noter qu’Athena va immédiatement entrer en comparaison avec des films récents montrant la violence des cités comme Les Misérables ou encore Bac Nord, alors qu’il n’est pas du tout dans la même symbolique. Encore faut-il y songer.
Filmé en IMAX, Athena est tout à fait tailler pour le gigantisme d’une salle de cinéma. Romain Gavras a pensé son long métrage comme un film marquant avec le choix de plans séquences qui ancrent le récit dans une réalité implacable dans laquelle les protagonistes perdent progressivement pieds. La mise en scène maîtrisée est magnifiée par une jolie photographie et ce que l’on nous montre à l’écran est impressionnant, le nombre de jeunes prenant part au conflit et la cité rapidement fortifiée rappelle les plus grands péplums. Ah oui, au cas où cela vous aurait échappé, Romain Gavras est le fils de Costa Gavras (un franco-grecque).
Au casting on retrouvera encore une fois Dali Benssalah dans le rôle du frère qui tente de calmer le jeu, l’habitué de Ladj Ly Alexis Manenti (Les Misérables), l’expérimenté Ouassini Embarek, le très bon Anthony Bajon (Teddy, La Troisième Guerre) mais également un nouveau : Sami Slimane. Inutile de préciser que tout ce petit monde joue très bien, et que tout semble très vrai.
La bande originale de Gener8ion et Surkin est un des points forts du film qui vous attrape dès les premières secondes sans jamais vous lâcher. Ici encore les références sont multiples : chœurs à la Carl Orff ou encore tambours guerriers sont autant de signes d’un film épique qui pourrait avoir lieu il y a des siècles.
En définitif, j’aurais aimé découvrir ce film en salles.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
Avec Athena, Romain Gavras montre une nouvelle fois qu’il a beaucoup de talent. Un grand film.
