Le jour où le Colonel Parker rencontre le jeune Elis Aaron Presley, leur vie à tous les deux change. Ensemble, ils se lancent à la poursuite du succès et de la gloire, alors que l’influence du Colonel Parker sur le chanteur ne fait que grandir. Mais la personnalité d’Elvis peut-elle réellement être contenue ?
Neuf ans après la présentation de The Great Gatsby en ouverture du Festival de Cannes, Baz Luhrmann, OVNI perpétuel du cinéma, remet ça avec un projet des plus ambitieux : adapter au grand écran la vie d’Elvis Presley. Pour ce faire, il choisit Austin Butler, qu’on avait vu récemment dans Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino. En face de lui, Tom Hanks dans le rôle du fameux Colonel.
Si « luhrmannien » était un réel adjectif (et pour les besoins de cette critique nous allons décider que c’en est un), dans le sens over the top, flamboyant, foisonnant, dans tout ce que ça a de positif comme de négatif selon les avis des un-es et des autres, alors Elvis serait peut-être à considérer comme le film le plus luhrmannien du cinéaste. Dès l’introduction, les split-screens se démultiplient, les mouvements de caméra outranciers s’enchainent, remplis d’incrustations colorées pour rajouter du texte explicatif. Les fans de Lurhmann et de camp seront ravi-es. Les détracteurs détesteront. Les autres risquent d’être perdu-es. Tel est toujours le risque avec le réalisateur de Romeo + Juliet.
Si Baz fait son Luhrmann, c’est pourtant autour des relations entre les personnages que le film se construit, et principalement dans la dynamique qui agite celle entre le Colonel et Elvis. Si on se demande parfois ce que Tom Hanks pense faire ici, dans une prestation qui oscille entre parodie et émotion, c’est Austin Butler qui révèle toute l’étendue de son talent, véritable rock star qui hypnotise à l’écran. Ses performances chantées comme dansées sont éblouissent de bout en bout, sans une seule fausse note.
Baz Luhrmann tente de faire de son Elvis un Biopic exhaustif, tout en protégeant, parfois, son héros. Ainsi, l’aspect gênant de sa relation à sa femme (rencontrée alors qu’elle avait quatorze ans et qu’il en avait vingt-quatre) n’est jamais réellement abordé. Il est précisé qu’elle est « adolescente », mais son âge à lui n’est pas précisé. Ne reste qu’une phrase vers la fin du film, qui rappelle qu’ils ont dix ans d’écart.
Pourtant, Elvis se révèle finalement être un film étonnamment politique, dans sa manière de toujours remettre au premier plan les problèmes raciaux qui agitent le pays. Luhrmann, peut-être parce qu’il est australien et non pas américain, n’est jamais timide quand il s’agit de mettre les Etats-Unis face à leur racisme. Il dédouble ça d’un hommage aux noir-es qui l’ont inspiré (et qu’il a parfois plagié-es, comme le sous-entend le film). Cet hommage donne les plus belles séquences du film, notamment en terme de montage, et consolide le lien musical et culturel de Presley à la communauté afro-américaine.
Elvis est un biopic qui en décontenancera plus d’un-e, pourtant le film se démarque d’autres films du genre grâce au style marqué de son auteur, un homme qui assume son outrance à l’infini et au-delà.
SophieM lui attribue la note de :
En Bref
Film déroutant, Elvis divisera sans conteste. Ici, l’autrice a vu en lui un film riche, passionné et généreux.