Le film s’ouvre sur la voix rauque de Tom Hardy. Et le noir. Puis démarre une scène qui, avec l’utilisation du noir et blanc, rappelle l’incipit de Mad Max 2. Quand la couleur apparait, le désert est partout, et Max, de dos, continue sa narration. Il mange un lézard à deux têtes, prend ses affaires, monte dans sa voiture. Une paire de secondes plus tard, une folle course-poursuite s’engage, et c’est le début de l’apnée du spectateur.
Il est rare de sortir d’un film terrassé mentalement et physiquement. De sortir en ayant l’impression d’avoir vécu un road trip mortel dans le désert. Fury Road fait cet effet là. C’est un film épuisant, mais dans le bon sens du terme : on en ressort avec l’impression d’avoir assisté à quelque chose que peu ont réussi à accomplir. La liste des qualités du film est longue, mais sa plus impressionnante est peut-être le fait que Mad Max est le film de baston et le road trip à l’univers le plus abouti qui soit. Son prédécesseur, Mad Max 2, profitait déjà d’une atmosphère bien développée, et Miller reprend le même ressort scénaristique : il se passe totalement des scènes d’exposition qui pourrait rendre la situation plus claire. Dès le début du film, l’univers qu’il a créé et ses règles vous écrasent et vous laissent le souffle coupé. Emmené par un casting très au point, Fury Road est le film d’action qu’on n’attendait finalement plus.
Dans Fury Road, Max est rattrapé par les soldats d’Immortan Joe, qui contrôle toute la région parce qu’il a la main mise sur l’eau et le pétrole. Il se retrouve malgré lui embarqué dans une course poursuite folle et, encore une fois comme dans Mad Max 2, finit par aider un groupe de gens à se libérer de leur oppresseur. Cette fois-ci, seulement, c’est un groupe de femmes qu’il aide : les femmes préférées d’Immortan Joe, emmenées par l’Imperator Furiosa (Charlize Theron, incroyable), une femme handicapée qui a décidé de se rebeller contre Joe.
Chaque élément dans Fury Road est à sa place, et chaque élément permet de construire un univers chaotique qui va donner d’autant plus de force au propos du film : des femmes qui fuient la violence mais sont pourtant obligées de recourir à elle pour s’en sortir. Fury Road, sur beaucoup de points, est en effet un film au propos féministe, en cela qu’il décrit une société post-apocalyptique patriarcale dans laquelle la femme est réduite à l’état d’objet et où la naissance du mâle redevient un enjeu principal. Le film soulève d’importants points et, dans la construction même de son personnage emblématique Max, nous offre l’exemple même d’un allié féministe qui sait se mettre en retrait mais aussi faire valoir sa parole.
Mais les grands thèmes du film ne seraient pas aussi forts et remarquables si Fury Road en lui-même en tant qu’oeuvre de cinéma n’était pas époustouflant de réussite, que ce soit dans la création de son univers, dans la réalisation, le montage ou encore la musique. Il est d’ailleurs bon de citer la monteuse, Margaret Sixel, qui a du composer avec plus de quatre cent heures de rushes et fournit un travail millimétré et sans faute. Le travail technique du film ne s’arrête cependant pas là : Miller va en effet jusqu’à jouer avec le nombre d’images pas seconde pour donner à son film l’esthétique et le rythme qu’il souhaite. En fin de compte, tous les choix filmiques qu’il a fait se ressentent comme étant le fruit d’une grande réflexion qui donne tout son sens au produit final et qui permet au film d’être bien plus qu’un simple road trip violent.
S’il y a un film qui a fait parler de lui à sa sortie, c’est bien Mad Max : Fury Road. Force est de constater qu’il tient toutes ses promesses, et prouve qu’il y a encore de la place pour l’innovation dans le film d’action.
SophieM lui attribue la note de
En bref
Un film d’action puissant qui innove dans un genre qui est vu et revu au cinéma. Un oeuvre entière et féministe qui mérite son succès.