Avec 7 nominations à Cannes cette année mais aucune récompense (??), Pacifiction de l’espagnol Albert Serra (Liberté, La Mort de Louis XIV) est la sortie la plus étrange de cette fin d’année pourtant chargée. Encensé par certains, détesté par d’autres, il est temps de s’attarder sur les points positifs et négatifs du film.
« Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République De Roller, représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Dans les réceptions officielles comme les établissements interlopes, il prend constamment le pouls d’une population locale d’où la colère peut émerger à tout moment. D’autant plus qu’une rumeur se fait insistante : on aurait aperçu un sous-marin dont la présence fantomatique annoncerait une reprise des essais nucléaires français. »
Pacifiction est un film où la beauté de l’environnement sert à cacher une paranoïa qui monte parmi la population de l’île. Un représentant de l’État, De Roller, met toute son expérience du terrain pour sonder la population, rassurer et négocier sur différents dossier. Mais au fond, il cherche des informations concernant une rumeur montante : un sous marin nucléaire et la crainte d’une reprise des essais dans ce petit coin de paradis.
J’aime les atmosphères pesantes ou la tension monte peu à peu, et c’est exactement ce que nous propose Albert Serra, la moiteur en plus. Le personnage de De Roller est hypnotisant. Il s’occupe d’absolument tout, et gère d’une main de fer (mais qui est en apparence douce) les affaires des îles. L’écriture des différents protagonistes est très réussie mais le rythme s’effondre totalement sur le dernier tiers du film ce qui vient littéralement anéantir tout ce qui a été bâti auparavant. Sur 2h45 l’intrigue n’évolue quasiment pas, c’est fou ! Les projets d’auteurs c’est bien, mais il y’a clairement 45 minutes de trop.
Albert Serra est réputé pour ses films contemplatifs. Pacifiction n’échappe pas à la règle et de la contemplation on en a. Beaucoup. Trop même. La photographie est bien entendu magnifique (la Polynésie !), la mise en scène aussi. La bande originale signée Marc Verdaguer (déjà à l’œuvre sur plusieurs oeuvres de Serra) souligne très bien l’atmosphère lancinante du film.
Le casting est intéressant parce qu’il est quasi constitué d’habitants des îles ce qui est bien sûr une bonne chose, et Benoit Magimel est parfait dans son rôle ambigu.
Pacifiction est un film clairement imparfait, mais le cinéma d’Albert Serra mérite d’être découvert.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
Pacifiction est un véritable OFNI cette année. Extraordinairement hypnotisant et mettant en scène un Magimel impérial, le film a malheureusement de gros défauts de rythme qui laissent un goût amer.