Un jeune homme de famille modeste devient tuteur d’une adolescente dont les parents sont très aisés. Il décide de profiter de la naïveté de la mère pour faire embaucher sa famille entière au service de ses patrons.
Palme d’Or à Cannes, Parasite se veut une tragi-comédie drôle mais surtout percutante. La critique sociétale acerbe de Bong Joon-Ho s’affine et s’affirme déjà depuis quelques films (avec Snowpiercer et Okja) et trouve avec ce film son paroxysme.
On ne change pas une équipe qui gagne : toujours accompagné de ses acteurs fétiches, Bong Joon-Ho, après avoir revisité le thriller, le post-apocalyptique ou encore le film de monstre, s’attaque aujourd’hui à quelque chose qui se rapproche du film social mêlé au home invasion. A l’image de The Host ou encore Memories of Murder, Parasite démarre sur un ton assez léger, comique, pour mieux basculer plus tard. Les changements de ton sont en effet l’un des grands points forts du réalisateur.
Une oeuvre maîtrisée de bout en bout
Et des points forts, Bong Joon-Ho en a beaucoup, et ils sont ici tous mis en exergue : jamais il n’a été aussi virtuose et audacieux, jamais il n’a autant maîtrisé son sujet. Musique grandiloquente et moments à la limite du grotesque côtoient scènes qui font monter la tension.
La mise en scène brillante est au service d’un propos riche : le réalisateur coréen nous parle de différences de classes sociales, de leurs rapports entre elles, mais aussi de la violence que peut être la pauvreté. Il prend une situation donnée (un jeune homme pauvre commence à travailler pour une famille aisée) et la pousse à l’extrême de ce qu’elle pourrait donner tout en arrivant à rester dans l’inattendu.
La résolution de son film le place dans la ligne directe de Snowpiercer et confirme l’intelligence de Bong Joon-Ho dans la création de son oeuvre. La finesse du propos et le perfectionnisme dans la mise en scène – où le jeu et la gestuelle des acteurs forment une chorégraphie accompagnée et sublimée par la caméra – font de Parasite ce qui peut être le film le plus abouti de la carrière du réalisateur.
De l’importance de la diversité
Après la consécration de Une Affaire de Famille du maître japonais Hirokazu Kore-Eda l’an dernier, le Festival de Cannes donne la Palme à un autre grand, du cinéma coréen cette fois-ci. Dans deux styles très différents, les deux réalisateurs parlent de la famille, et de la précarité. Force est de constater que le cinéma asiatique mis en avant aujourd’hui est un cinéma intelligent qui touche à des sujets très actuels, un cinéma engagé dans son fond et maîtrisé dans sa forme. Ces films – Parasite en tête – sont la preuve que la diversité et la pluralité – des voix comme des genres – sont essentielles au cinéma, et le grandissent.
En 72 ans de Festival de Cannes, un Coréen, enfin, a reçu la Palme d’Or pour un film comme on en voit peu. Il serait tentant de voir Parasite comme le sommet de la carrière de Bong Joon-Ho, mais ce serait sous-entendre qu’il ne pourra plus faire mieux. Seul l’avenir nous le dira mais on ne le lui souhaite pas. Ni pour lui, ni pour nous, et surtout pas pour le cinéma.
SophieM lui attribue la note de :
En bref
Film d’une maîtrise hallucinante, Parasite est l’oeuvre la plus aboutie de Bong Joon-Ho. Un sans faute à voir absolument.