Après un chouette premier film, Revenge en 2017, la réalisatrice française Coralie Fargeat revient cette année avec l’ultra attendu The Substance, film de genre qui a raflé le prix du meilleur scénario au dernier Festival de Cannes. Déjà habituée des castings internationaux, elle met en vedette ici Demi Moore, l’actrice montante Margaret Qualley ainsi que le toujours très bon Dennis Quaid. C’est lors du Festival Lumière 2024 que j’ai pu découvrir le film en avant première, présenté par la réalisatrice qui est revenue ensuite pour un échange avec le public.
« AVEZ-VOUS DÉJÀ RÊVÉ D’UNE MEILLEURE VERSION DE VOUS-MÊME ? Vous devriez essayer ce nouveau produit: The Substance. ÇA A CHANGÉ MA VIE. Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite… Il suffit de partager le temps. Une semaine pour l’une, une semaine pour l’autre. Un équilibre parfait de sept jours. Facile n’est-ce pas ? Si vous respectez les instructions, qu’est ce qui pourrait mal tourner ? »
Pas de doutes, on comprend assez rapidement pourquoi le film a remporté le prix du meilleur scénario à Cannes. C’est une critique acerbe du fonctionnement d’Hollywood, où seules les jeunes actrices qui correspondent à une vision lissée de la beauté peuvent prétendre à avoir une carrière. Ici la vieillissante Elisabeth Sparkle (Demi Moore) se voit contrainte et forcée de rendre l’antenne après des dizaines d’années au top niveau de l’industrie. Brisée par les mots durs de son producteur (Dennis Quaid) elle sombre dans une dépression qui va la pousser à utiliser un produit douteux : The Substance. Le but ? lui amener jeunesse et beauté à nouveau, mais à quel prix ? Coralie Fargeat nous propose ici sa vision d’Hollywood et de ce que traverse toute femme qui vieillit.
Avec son rythme effréné et son rythme quasi parfait (il y a pour moi un ventre mou non négligeable au milieu du film qui aurait pu être largement supprimé), le film n’est tout de même pas parfait. Son jusqu’au-boutisme poussé à l’extrême frôle dangereusement avec la limite dans sa dernière demi-heure qui étire son concept plus qu’il n’en faut, au point de faire douter le spectateur sur le message du film après visionnage. Est-ce qu’on était dans une critique violente (et néanmoins intelligente) d’un système, ou dans une simple surenchère de body-horror singeant le cinéma de David Cronenberg histoire de provoquer du « buzz » ?
Coralie Fargeat démontre avec The Substance une maitrise au cordeau de sa mise en scène. Le film est ultra généreux dans ce qu’il montre, mais aussi dans sa manière de faire. On pourrait parfois reprocher à la réalisatrice d’en faire trop au point que le montage est quasiment épileptique par instants, mais tout est pensé et millimétré dans le rythme pour imbriquer les scènes les unes dans les autres. Le but c’est d’être impactant, et bon dieu que ça l’est ! Aussi bien visuellement qu’au niveau de la bande son, le film ne vous lâche pas une seconde et démontre d’un talent indéniable.
Aussi, le casting est ultra efficace. Demi Moore (que l’on avait pas vue dans un « bon » film depuis Margin Call en 2011) livre ici une performance dont on parlera longtemps. Margaret Qualley elle, commence sérieusement a être une habituée des grands noms de la réalisation (Coppola, Tarantino, Coen, Lánthimos…) et propose ici encore une performance magnétique. Les deux actrices fonctionnent en véritable miroir l’une de l’autre pour notre plus grand plaisir et surtout pour servir la bizarrerie qu’est le scénario. On oublie pas non plus Dennis Quaid qui joue ici un producteur détestable, avec un nom qui évoque une réalité pas si lointaine : Harvey.
Pour conclure, The Substance n’est pas un film facile à digérer. il suscite le débat, interroge, questionne même. C’est d’ailleurs ce qui en fait une des sorties les plus importantes de l’année, qu’il ne faut absolument pas rater.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
The Substance est définitivement un immanquable de l’année, qui aura le mérite de susciter le débat.