[Critique film] – It Follows

It Follows

It Follows ne me faisait pas trop envie à la base. Je n’aime pas vraiment les films d’horreur et les prix de festivals m’ont toujours laissé de marbre. Néanmoins, il faut parfois se forcer à aller voir des films, quitte à ce qu’ils ne nous plaisent pas. Et j’ai bien fait, car It Follows n’est pas dénué de qualité, même si il apparaît parfois trop académique dans son déroulement.

La première chose positive est de constater qu’It Follows n’est pas un de ces films gore à la con qui pullulent depuis quelques années. Ce n’est pas non plus un film d’épouvante qui mise tout sur une bonne idée sans rien derrière, comme American Nightmare. Non, c’est plutôt un film d’angoisse – si tant est que ce genre existe, mais c’est le sentiment que le film m’a donné – dans la veine des films de Carpenter ou du Shining de Kubrick dans l’ambiance – voire même avec la websérie Marble Hornets, et des films de Cronenberg dans le propos, notamment avec Frissons. Le tout avec suffisamment de modernité pour que l’on évite de crier au plagiat. Car ces références forment la base solide du film : une ambiance poissarde, où les banlieues désincarnées et abandonnées font office de décors lugubres et mortels. It Follows tord le coup au rêve américain, à l’idéal de la routine et du quotidien. Et c’est ça qui est important dans un film angoissant : détourner et pervertir un décor quotidien pour faire perdre pied au spectateur et mieux le surprendre et le faire flipper. Et It Follows joue à fond là-dessus d’un point de vue visuel.

It Follows

Mais il pose aussi des questions plus viscérales sur le sexe. Les personnages du film sont à la fois sexués et asexués. Sexués car l’acte est au centre de l’histoire, et qu’il faut « transmettre » le truc pour s’en débarrasser. Mais aussi asexués car au final, ce n’est pas cela le plus important et jamais l’acte ne semble plaisant. C’est un acte artificiel, désincarné, sans plaisir ; et le peu de plaisir que semble prendre Jay au début s’évanouit aussitôt. Un acte adulte en fait.

Car, et c’est ce qui est au centre du film, Jay bascule dans un monde nouveau, alors qu’elle n’y est pas préparée. Elle entre dans un milieu aseptisé, rigide, puritain et sans avenir pour elle. Je pense que le vrai propos du film est ici, dans un discours plus social que vraiment pathologique – même si la métaphore du sida est clairement voyante aussi – et qui touche toutes les catégories d’âge et tous les sexes. Jay et les autres contaminés apparaissent comme une sorte de virus dans ce monde, selon les normes sociales de ce dernier, et ils doivent donc en être éradiquer ; d’où les tenues blanches pour certains, qui n’est pas sans rappeler ce qui touche à la médecine (ou la façon de mourir). Chose qui dure dans le temps en plus, vu que Jay n’est pas la première à en être touchée – pas de spoils, promis.

It Follows

Bon, je suis peut-être allé un peu loin, du coup je vais revenir à un propos plus terre-à-terre. Niveau technique, le film est propre, ce qui est assez rare pour un film d’épouvante, et ça fait plaisir. L’OST est très bonne – faite pour Disasterpeace, qui a contribué à celle de FEZ aussi, et la mise en scène sobre et efficace. Si le début – poke TheBad – et la fin ouverte me laissent un peu perplexe, globalement ça se tient. Après, ça n’empêche pas le film d’avoir quelques défauts. Ca traîne en longueur parfois, c’est aussi prévisible, mais c’est aussi et surtout parfois un peu débile, comme ce crash dans un champ de maïs ou la séquence de la piscine qui sentait le fail à des kilomètres. Dommage car le film aurait vraiment pu être très bon sans cela.

Mais on tient sans doute un des meilleurs films du genre depuis quelques années, et ça c’est à souligner.

Cet article a été écrit après visionnage du film en VO.

PFloyd lui attribue la note de
7/10

En bref

It Follows manque parfois de rythme et reste trop classique sous certains aspects, mais le film ne manque pas de charme. Solide, bien réalisé et porté par une très bonne OST, il s’impose comme un des meilleurs films du genre de ces dernières années.

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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