Réalisée par Alexandra Cunningham, Dirty John a débarqué sur Netflix le jour de la Saint-Valentin et ce n’est peut-être pas anodin. C’est un peu la version adulte de You dont je vous parlais il y a quelques semaines. Si on compare les deux intrigues, la première saison de Dirty John est similaire : une femme se retrouve sous l’emprise d’un psychopathe. Cette série américaine s’inspire de faits réels qui se sont déroulés en 2016. Avec Connie Britton (Nashville) et Eric Bana (Hulk, Troie), Dirty John pourrait se définir comme un mélange entre soap opera et thriller.
Connaissez-vous vraiment la personne que vous aimez ? Conquise par John, Debra finit par l’épouser. Leur bonheur est-il réel ? Le charmant docteur ne jouerait-il pas un double jeu ? Terra et Veronica, inquiètes pour leur mère, vont chercher à démasquer cet étranger qui s’est immiscé dans leur famille.
Pour être honnête, c’est le côté « true story » qui m’a intéressée. Le scénario est écrit autour d’un podcast diffusé en 2017 dans le Los Angeles Times. Debra Newell découvre que l’homme qu’elle a épousé est en réalité un dangereux criminel. Celle-ci a souhaité témoigner afin que d’autres femmes ne tombent pas dans le même piège. Ce sont près de 40 millions de personnes qui suivront l’affaire. Dirty John souhaite venir en aide aux femmes pour qu’elles évitent de croiser le chemin d’un John Meehan. Elle met aussi en lumière les difficultés à se détacher d’un manipulateur comme John ainsi que l’incompétence des autorités américaines et de l’administration qui ont laissé s’échapper, à plusieurs reprises, ce criminel.
Je faisais une comparaison avec You au début de cette critique. On retrouve plusieurs similitudes : l’homme aime avoir le contrôle sur sa proie et n’hésite pas à mentir pour donner l’image du gendre idéal. Dans You, il la surveille grâce aux réseaux sociaux tandis que dans Dirty John, il pose un traceur sur sa voiture mais se sert d’un site de rencontres pour approcher ses futures victimes. Dans les deux séries, les proches se méfient et essayent de prévenir leur amie ou leur mère, sans succès. L’impact psychologique est très présent, les victimes sont sous l’emprise d’un psychopathe. D’ailleurs lorsque les deux femmes commencent à se rendre compte qu’elles côtoient quelqu’un de dangereux, elles s’exposent à plus de risques. On note également des différences. Cette fois c’est le point de vue des femmes qui est mis en avant, il faut les défendre. Autre différence : l’âge des personnages. Dans Dirty John, la femme est une mère de famille, quarantenaire, plutôt aisée. Mais la plus grosse différence est sans hésiter la fin, puisque dans une série, c’est la victime qui meurt tandis que dans l’autre, c’est le prédateur. Plutôt inattendue, cette fin est une revanche sur le personnage de John.
Dirty John respecte parfaitement les codes du thriller psychologique : victime qui ne se méfie pas du danger, son bourreau qui peut se montrer sympathique ou flippant, proches qui sont sur le qui-vive… La première partie a vraiment un téléfilm : décors en carton-pâte, cadrages simples, dialogues pauvres… Mais une fois que le thriller est lancé, on est tenté de regarder la suite pour savoir jusqu’où John est prêt à aller. La deuxième partie de la série est plutôt présentée comme un documentaire sur la vie passée de John. On le découvre à travers des flash-back qui nous permettent de comprendre comme ce personnage s’est construit. Cette partie était beaucoup plus intéressante, car moins romancée, et plus prenante. Au fil des épisodes, le processus de séduction puis d’isolation dont est victime Debra Newell est décrypté. Vient également le sentiment de culpabilité que la société lui renvoie notamment dans l’épisode final. La dernière scène montre d’ailleurs Debra Newell exprimer son souhait de raconter son histoire. C’est une belle façon de rappeler que cette série est, malheureusement, inspirée d’une histoire réelle.
Parlons rapidement des acteurs pour conclure. Connie Britton et Eric Bana incarnent leur rôle à merveille et réussissent à nous faire oublier que la réalisation n’est pas toujours à la hauteur de nos attentes. Ils sont convaincants dans le rôle de la femme d’affaires follement amoureuse, pour elle, et d’un séducteur qui change de masque et arrive à nous convaincre, pour lui. Aucune réaction n’est exagérée, tout semble réel. Enfin, Julia Garner, qui interprète l’une des filles de Debra, est remarquable dans la scène où elle se défend face à John.
PaulineG lui attribue la note de :
En bref
Conçue comme une anthologie, la saison 2 de Dirty John est déjà annoncée. Elle se penchera donc sur une nouvelle affaire criminelle qui a secoué les Etats-Unis. Cette série a un petit côté mystérieux et fascinant qui pourra plaire à la fois aux passionnés d’histoires criminelles et de soap opera. Toutefois, je reprocherai à la série d’être un peu trop romancée au début et de délaisser ce côté « faits réels » qui est pourtant le point de départ.