[Critique Série] – Game of Thrones S05E01

Cersei et Tommen

Avril est arrivé, et avec lui ce qui est devenu au fil des années l’évènement du printemps : Game of Thrones. La série nous revient pour une cinquième saison. Chaque fois, la série fait le buzz et les fans se déchirent. Cette année ne fera pas exception, étant donné que cette cinquième saison a la particularité de révéler des informations qui n’ont pas encore été publiées (Martin, l’auteur, n’a pas encore sorti les deux derniers tomes de la saga qui a inspiré la série), et de tuer des personnages qui sont vivants dans les livres. A cela s’ajoute le fait que la saison précédente a déçu : alors que les trois premières se tenaient, que ce soit en terme d’adaptation, de scénario ou de mise en scène, la quatrième saison a perdu en qualité. Les showrunners semblent ainsi avoir décidé de réutiliser la formule qui fait le succès de la série : le sexe, la nudité, les meurtres. Mais la réalisation n’est plus aussi solide, et l’écriture des personnages, plus aussi fine qu’elle l’était.

C’est donc avec des attentes renouvelées que la saison cinq démarre. D’un côté, les spectateurs satisfaits n’en peuvent plus d’attendre que la série revienne. De l’autre, les spectateurs déçus espère que la série gagnera en qualité cette saison. Dans tous les cas, il est bien entendu que pendant deux mois, Game of Thrones sera le sujet de la plupart des conversations que vous allez attendre autour de vous. Mais une fois l’excitation et l’effervescence de la sortie passées, reste l’épisode lui-même. Qu’en est-il exactement ?

Tyrion Lannister

C’est devenu une habitude un peu nécessaire, le premier épisode de Game of Thrones pose le bilan de la situation des personnages. Sur ce point, on notera quatre grands absents : Bran et Hodor (dont l’absence est expliquée par le fait qu’ils sont supprimés de cette saison), ainsi qu’Arya et Theon. Si un bilan des enjeux à venir est, peu de choses se mettent finalement en place, ou du moins, peu de choses arrivent à vraiment exciter notre intérêt. La séquence la plus intéressante restera la première de l’épisode.

En terme d’adaptation, le lecteur pourra être un peu perdu : l’intrigue de Jon est un peu mélangée et celle de Brienne est pour l’instant un peu floue. Il est clair depuis quelque temps qu’il ne faut pas s’attendre à ce que la série suive les livres – et c’est peut-être tant mieux quelque part, car le tome 5 est très éparpillé, et serait extrêmement pénible à mettre en image. Là où le bât blesse, c’est qu’avec le raccourcissement des intrigues, le spectateur va passer à côté d’énormément de choses qui tiennent du folklore de l’oeuvre créée par l’auteur. Mais c’est le prix à payer si les créateurs espèrent garder le contrôle sur une histoire faste qu’ils ont déjà du mal à cerner de façon pertinente. Ceci étant dit, même si la série s’écarte énormément de l’oeuvre originale, elle est toujours consistante en elle-même : les personnages ont une unité et évoluent de façon plus ou moins cohérente – on peut tout de même rester incrédule face à la transformation subite de Sansa en fin de saison 4.

Sansa et Littlefinger

L’épisode, à l’image de la série depuis quelques temps, ne brille pas par une réalisation extraordinaire. Le jeu d’acteur reste le même : certains sont très bons, d’autres le sont bien moins. Si toute la saison est à l’image de ces cinquante premières minutes, nous n’aurons donc pas de grande surprise. Plus que cela : on risque de s’ennuyer un peu. Si HBO a trouvé une recette qui fonctionne très bien, et semble prête à continuer à la mettre en oeuvre, il n’est tout de même pas sûr que tout le monde en ressorte satisfait, tant le premier épisode donne, dans son montage, l’impression de quelque chose d’un peu arbitraire, forcé, qui serait là parce qu’il faut faire anvancer l’intrigue. On ressort en voyant l’épisode comme un bout à bout d’image plutôt que comme une oeuvre avec une unité réelle. A voir si la suite rattrape ce premier essai un brin raté.

Cet article a été écrit après visionnage du premier épisode en VO.