Après un Daredevil réussi qui parvenait sans trop de problèmes à effacer l’affront du film de 2003, Netflix s’attaque à une figure connue des amateurs de comics Marvel qui n’avait pas encore connu les joies (ou les déboires) d’une adaptation sur écran : Jessica Jones. Avec la même réussite que Daredevil ?
Jessica Jones est une ancienne super-héroïne qui a raccroché le costume et ses pouvoirs pour se consacrer à sa nouvelle occupation : détective privée. La porte est en carton et le whisky de mauvaise qualité, mais en apparence Jessica Jones semble s’en sortir convenablement. Sauf que ce n’est qu’en apparence, car celui qui l’avait manipulé par le passé continue de la hanter, avant de refaire surface subitement. Comme pour Daredevil, le comics de base (Alias) est plutôt bien adapté et on retrouve la volonté de Marvel de soigner son récit, en le rendant plus « mature ». Malheureusement, alors que dans Daredevil cela se passait plutôt bien, les choses sont différentes ici.
Déjà de par la forme que prend Jessica Jones. Daredevil est une série sur un super-héros qui se castagne constamment, donc le rythme y était plus soutenu, ce qui compensait le manque de profondeur de certains personnages ainsi que la légèreté du scénario. Ici, la série préfère approfondir la psychologie de ses personnages, mettant en avant les névroses de ses personnages, notamment dans la première partie de la saison afin de les introduire correctement. Le problème est que les personnages sont inégaux (problème qu’avait aussi Daredevil) : si Jessica Jones, Kilgrave (un l a sauté d’ailleurs lors de l’adaptation) et Trish sont bien écrits et intriguent, ce n’est pas le cas de certains rôles secondaires, comme Jeryn Hogarth (pas aidé par le jeu de Carrie-Anne Moss), Luke Cage (qui ne sert pas à grand-chose ici) ou le policier qui est le gros point noir de la série. En conséquence les arcs de ces personnages sont peu intéressants, ce qui rend Jessica Jones très inégal lors des sept premiers épisodes. Autre problème qui interpellera le fan de l’univers Marvel : il n’y a que très peu de références au monde développé par la boîte de Stan Lee, chose qui concerne toutes ses productions mais qui commence à agacer franchement.
Le deuxième gros reproche envers Jessica Jones concerne la mise en scène, qui est globalement plate. Les combats sont mal filmés et mal montés, les cadres sont peu inspirés et tout le côté film noir qui aurait pu apporter tant de choses se limite ici à la bouteille de whisky. C’est vraiment très frustrant et cette absence de talent dans la mise en scène devra être corrigée pour les prochaines productions Marvel/Netflix. Il faut attendre que Jessica Jones fasse le deuil de cette tentative film noir après l’épisode 7 pour que la série devienne efficace car elle devient une série d’action/thriller, presque à la 24. De plus, Kilgrave prend plus de place et comme David Tennant déborde de talent et que le personnage est bien écrit, on ne s’ennuie presque plus.
Mis à part ces (gros) problèmes, Jessica Jones possède tout de même des qualités intéressantes. Le traitement de son héroïne déjà, qui, même si elle parait trop « faible » pour une ancienne super-héroïne, bénéficie d’une bonne écriture et du jeu de qualité de Krysten Ritter, plutôt bluffante et crédible. Ensuite, les sous-textes sur le viol, le syndrome post-traumatique et la culpabilité apportent une vraie profondeur à la série et qui sauve les premiers épisodes de la saison. Enfin, le personnage de Kilgrave, qui est le meilleur méchant Marvel, films et séries confondus. le tout manque parfois de folie, la faute à cette mise en scène moyenne, mais le plaisir de voir une série portée par des figures féminines de qualité et un méchant charismatique est là et compense la frustration engendrée par les défauts cités plus haut.
L’impression d’avoir vu deux saisons en une laisse donc un petit goût amer dans la bouche. Le côté noir est loupé et l’ensemble manque de liens avec le reste de l’univers Marvel pour vraiment s’y insérer. Heureusement, Jessica Jones se sauve grâce à son casting féminin, à des thématiques peu traitées à la télévision et à David Tennant.
PFloyd lui attribue la note de
En bref
Jessica Jones aurait pu être une très bonne série, elle est malheureusement inégale. Portée par ses thématiques, ses personnages féminins et un Kilgrave impressionnant, elle pêche par une mise en scène très plate et des longueurs, notamment lors des sept premiers épisodes. Un peu frustrant au final.